Elle est proche mais méconnue : la station de compression de gaz naturel de Taisnières-sur-Hon est la plus importante de France.
Installée depuis 1967, elle achemine 30% des ressources en gaz naturel de l'Hexagone.
Depuis le milieu du 19e siècle, la plupart des grandes villes d'Europe sont raccordées à des réseaux de gaz de ville.
Il s'agit d'un gaz manufacturé dans des usines à gaz où est réalisé la distillation du charbon.
D'abord destiné à l'éclairage, son usage est progressivement étendu au chauffage et à la cuisson.
La France compte environ 600 usines à gaz en 1946.
En 1951 est découvert le gisement de Lacq dans les "Basses-Pyrénées".
C'est le début de la conversion des consommateurs français vers le gaz naturel, une énergie apportant confort, flexibilité et compétitivité.
Un réseau se développe du sud-ouest de la France vers Paris et Lyon.
Le gaz de Lacq contribuera à alimenter le réseau de gaz naturel du pays de 1957 à 2013. Cette production sera complétée à partir de 1965 par du gaz naturel liquéfié algérien livré par bateau au terminal méthanier du Havre.
Le gisement de gaz naturel de Groningue, au nord des Pays-Bas, est le plus grand d'Europe occidentale découvert en 1959.
Une station de comptage du gaz importé est construite au lieu dit "le camp perdu", à proximité de la frontière belge entre Maubeuge et Valenciennes.
Elle est reliée à la station de compression d'où partent les gazoducs Artols I (qui alimente les grandes villes de la région), Nord I (vers la région parisienne) et Lorraine I (vers Nancy et le stockage souterrain de Cerville).
Suite aux forages réalisés en 1969 par Phillips Petroleum, le gisement de pétrole et de gaz d'Ekofisk est découvert dans les eaux norvégiennes de mer du nord. Il entrera en production dès 1971.
En 1973, pour acheminer ce gaz vers la France, GDF construit avec son partenaire belge Distrigaz, un gazoduc qui reliera la frontière allemande à la frontière française (Taisnières-sur-Hon) à travers la Wallonie et sera mis en service en 1976.
Le gaz est ensuite acheminé vers la région parisienne par la nouvelle artère Nord II.
En 1979, Statoll découvre le gisement de Troll au centre de la mer du Nord, dont la production débute en 1996.
Afin d'assurer l'acheminement vers l'Europe, une canalisation est déposée au fond de la mer jusqu'au port de Zeebrugge (Belgique) et mise en service en 1993. Son trajet se prolonge à terre jusqu'à Taisnières-sur-Hon.
Pour permettre le transit du gaz vers la France, en 1993, une installation de régulation ainsi que 2 turbocompresseurs sont installés à Taisnières-sur-Hon. Ce sont les premières turbines à basses émissions d'oxydes d'azote installées sur le réseau de gaz de France.
GRTgaz créé le 1er janvier 2005 et propriétaire du réseau, s'engage à réduire l'impact énergétique et environnemental de son activité. Ainsi, ma modernisation du parc turbocompresseurs a permis la réduction des émissions atmosphériques.
Des dispositifs de traitement des eaux pluviales et de réduction des émissions de bruits sont installés.
Ces démarches ont été valorisées par l'obtention des certifications ISO 14001 (gestion environnementale) en 2008, et ISO 50001 (gestion de l'énergie) en 2015.
Depuis 2011, il est possible d'injecter dans les réseaux du bio-méthane, produit localement grâce à la dégradation des déchets organiques agricoles ou ménagers. Ce gaz vient petit à petit remplacer le gaz naturel importé.
Et ce n'est pas tout, de nouveaux gaz renouvelables vont prendre leur essor, grâce à la pyrogazéification de déchets plastiques ou encore la valorisation des surplus d'électricité verte.
Demain, Taisnières-sur-Hon sera plus que jamais au coeur de l'Europe du gaz.
Le gaz est naturellement inodore. Il est donc nécessaire de l'odoriser à des fins de sécurité.
Pour ce faire, on injecte à l'entrée de la station de compression de Taisnières-sur-Hon, le THT (Tétrahydrotiophène), qui lui donne son odeur particulière.
Un contrôle de la teneur de THT est assuré par des cannes de prélèvement en sortie de station sur chaque départ.